De l’information à la désinformation

29 septembre 2014

De l’information à la désinformation

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La Tunisie postrévolutionnaire traverse une campagne de désinformation menée par les deux chaînes de télévision Nessma et Hannibal contre la Haute Autorité indépendante de la Communication audiovisuelle (HAICA). La décision d’arrêter la diffusion de certaines chaînes, une semaine avant le démarrage de la campagne électorale, n’a, désormais, pas fait des heureux.

Citoyens tunisiens et étrangers, comédiens, artistes, sportifs, députés à l’Assemblée constituante, représentants des partis politiques et de la société civile… Ils étaient tous présents pour débattre et fustiger l’application de la loi sans que les experts en la matière n’interviennent. Cette attaque orchestrée n’a été mise en place que pour induire l’opinion publique en erreur.

Décryptage

Sous l’ère Ben Ali, comme sous tous les régimes dictatoriaux, les médias ont été détournés de leurs fonctions essentielles pour en constituer un joug de propagande. Puis, une vague de liberté a embrassé tout le paysage médiatique postrévolutionnaire et toutes les lignes rouges ont été bafouées.

Après les élections du 23 octobre 2011, les dérives journalistiques ont commencé à émerger. L’interdiction de la publicité politique n’a pas été respectée par la chaîne privée Ettounsiya. Invité à l’émission de Naoufel Ouertani, le président du parti Afek Tounes, Yassine Brahim, a vu son passage à la télé diffusé en boucle pendant trois jours.

Alors que le ministère de la Communication et de l’agence tunisienne de communication extérieure, sources de la censure, ont été dissous, c’est encore l’État qui prenait en charge les nominations à la tête des médias publics. Hamadi Jebali, ancien premier ministre de la Troïka, avait procédé à une rafale d’affectations.

Le président de l’Instance nationale pour la réforme de l’information et de la communication (INRIC), Kamel Laabidi collaborait avec le syndicat national des journalistes tunisiens sur un projet loi permettant de mettre fin à la défaillance du cadre institutionnel qui freine l’instauration des réformes nécessaires au secteur des médias.

Après plusieurs recommandations de la part des experts de la profession, outre le décret-loi n°41 relatif à l’accès aux documents administratifs détenus par les organismes publics, deux nouveaux décrets lois ont vu le jour. Le décret-loi 115, pose sur le principe de la liberté de la presse ainsi que ses restrictions. Le décret-loi 116 s’intéresse à la liberté de la communication audiovisuelle et de la mise en place d’une Haute Autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA). Cette autorité a un rôle consultatif, régulateur et un dernier rôle de sanction.

Avant même sa création, les dirigeants des chaînes télévisées privées se sont opposés à la HAICA. La présidente du syndicat tunisien des dirigeants des médias Amel Mzabi, préoccupée par l’idée du renouvellement de licence, avait expliqué : « Il ne s’agit pas d’intérêts privés, de mon point de vue. Le principe d’un syndicat est de défendre son secteur. En se penchant sur le décret-loi 116 on se rend compte qu’il ne va pas aider au pluralisme des médias ».

Quelques mois après sa mise en place, la HAICA a présenté un cahier des charges qui réglemente l’octroi d’autorisation de diffusion des radios et télévisions privées et associatives. Ces nouvelles mesures figurent actuellement au JORT.

Les médias, qui diffusaient avant le 14  janvier, notamment Nessma et Hannibal, étaient appelé à déposer un dossier pour l’obtention d’une licence et la signature des cahiers des charges. Cependant, ces deux chaînes privées étaient aux abonnés absents. Et ont, par ailleurs, refusé de participer à la démarche mise en place par la HAICA pour l’octroi de nouvelles licences de diffusion.

Express FM, Mosaïque Fm, Cap Fm, Jawhara Fm, Nessma, Hannibal TV et le syndicat tunisien des directeurs des sociétés médiatiques ont déposé deux plaintes à l’encontre de la HAICA. Les deux plaintes revendiquent l’arrêt d’application des mesures nécessaires à l’obtention de licence de création ou d’exploitation d’une radio privée et d’une chaîne de télévision privée. Le tribunal administratif a tranché et les deux plaintes ont été rejetées.

Il est à préciser que le collège de la HAICA est composé de neuf membres nommés par le président de la République (1), par les organisations professionnelles des magistrats (2), par le président du pouvoir législatif (2), par des représentants des journalistes (2), par des professionnels de l’audiovisuel (1) et par des patrons d’entreprises d’information et de communication (1). Le fait que ce collège soit pluriel devrait garantir son indépendance.

Mais, Mohsen Riahi, membre démissionnaire, désigné par le syndicat tunisien des directeurs des sociétés médiatiques, cherchait à semer la zizanie et confirmer le bras de fer entre le dudit syndicat et la Haute Autorité indépendante de la Communication Audiovisuelle. Après avoir quitté son poste, il s’est engagé dans une campagne de dénigrement contre la HAICA, suivant les instructions de ces maîtres.

Finalement, tout cet argent gaspillé par Nessma et Hannibal pour mener cette campagne mensongère n’a servi à rien. Conformément à l’article 31 du décret-loi 116, les deux chaînes, ainsi que d’autres radios, se sont vues infliger une amende de 50 mille dinars. La confiscation des équipements utilisés dans l’accomplissement de leurs activités pourrait être la seconde étape avant de procéder à l’arrêt de diffusion. Haut du formulaire…

Meher Hajbi

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