Journalisme : Etat des lieux et perspectives

4 novembre 2014

Journalisme : Etat des lieux et perspectives

journaliste

Je ne veux pas paraître agressif mais je le dis comme je le pense. Mes propos, aujourd’hui, ne s’inscrivent pas comme une critique frontale des professionnels ou une victimisation des étudiants et enseignants de l’institut de presse. Loin de là, je veux tout simplement bâtir des ponts entre enseignants et professionnels des médias car la situation actuelle ne peut pas tenir à long terme.

Je suis bel et bien d’accord avec les professionnels sur certains points tels que le niveau de langue jugé approximatif, «la formation un peu trop théorique» au sein de l’Institut de presse et des sciences de l’information ce qui explique le niveau de pratique trop faible en particulier sur le terrain. Mais il ne faut pas négliger le fait que le journalisme assis l’emporte, malheureusement, sur le journalisme de terrain. Personnellement, je ne pense pas que le passage par une école de journalisme soit indispensable pour faire ce métier. Ce qui l’est, en revanche, c’est avoir une volonté d’apprendre plus grande que celle des autres.

Je voudrais, tout de même, avouer qu’il n’est pas surprenant pour moi que ces «professionnels» considèrent dans l’ensemble les jeunes diplômés comme «non opérationnels» car c’est désormais le cas de nombreux journalistes dits chevronnés. Je suis désagréablement surpris par de «brillants» animateurs télés ou radios qui, parfois, ne maitrisent pas le fond du sujet traité. Pire encore, certains médias constituent un joug de propagande ou nous assistons à l’apologie du terrorisme et des personnalités politiques, d’autres par leur amateurisme ont diffusés, dans le journal de 20h, plusieurs images de soldats tunisiens massacrés au Mont Châambi suite à une embuscade terroriste.

La question qui se pose, comment peut-on juger les capacités des jeunes journalistes alors que dans certains cas le rédacteur en chef dépasse les limites ?  Il supprime ou ajoute des paragraphes, il vous oblige à traiter l’actualité économique, politique, culturelle et sociale, puis il se plaint du fait qu’un jeune journaliste ait un bagage de formation «trop maigre» et qu’il ne peut pas se spécialiser dans un quelconque domaine. Quand le rédacteur en chef joue le rôle d’un directeur de conscience, à qui peut-on reprocher le faite que les jeunes diplômés en journalisme aient des difficultés à choisir des angles, à construire un récit pour être lu ? Il faut de l’équilibre entre être et avoir.

Pour moi, les étudiants en journalisme doivent apprendre à produire quelque chose d’unique, avoir une meilleure maîtrise technique (montage, création de cartes interactives, diaporama, timeline…). Il faut impérativement mettre fin à l’effet de ruissellement. Il s’agit ici d’une certaine contagion. Je m’explique, aujourd’hui à l’IPSI, lorsqu’un enseignant demande aux étudiants de réaliser un reportage, une enquête ou la couverture d’une conférence de presse, les futurs journalistes recherchent immédiatement un modèle à suivre, avant de créer leur propre identité et inventer un style personnel, ils se mettent à recopier le modèle des autres journalistes tunisiens. Ils reprennent, ainsi, les erreurs initiales faites par certains «professionnels». Ce qui explique le phénomène de contagion.

Et c’est à partir de ce moment que les enseignants à l’IPSI doivent réagir par l’intermédiaire d’un journal écrit ou électronique, ils obligent les étudiants à rompre avec les idées reçues, les tendances de la presse tunisienne, pour en créer un nouveau modèle, le modèle de l’IPSI cela permettra aux étudiants d’aller au-delà des opinions acquises pour raisonner d’une manière plus critique, ainsi, maitriser le métier selon les règles de l’art.

Finalement, je pense que la situation actuelle à l’IPSI ou au sein des médias tunisiens pourrait s’améliorer à condition que patrons, rédacteurs en chef et journalistes, enseignants et étudiants doivent tous coopérer au lieu de s’accuser pour le bien du secteur et pour le bien de tout le monde. Car plus nous assumons nos responsabilités mieux c’est.  Un dernier mot, «rien n’est impossible tout est réalisable».

Meher Hajbi

Photo Facebook.

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